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La prostitution (toujours) le bordel


Il y a deux ans, une étude inédite cartographiait le phénomène à Bruxelles. Depuis, rien n'a changé. Entretemps, le débat sur la prostitution est revenu sous les néons de l'actualité. La création d'un Eros Center ne semble pas être pour demain.

 

a prostitution, c'est le bordel », titrait Le Soir du 1er avril 2009 pour illustrer une enquête présentée par Pascal Smet (SP.A), alors ministre en charge de la Politique du bien-être (sic) à la Commission communautaire commune (Cocom). Deux ans plus tard, rien n'a changé. L'étude n'a pas été réactualisée et nous pouvons reproduire sans retouche l'infographie qui recensait à l'époque les foyers et les différents types de prostitution dans la capitale. Pour rappel, le phénomène concernerait quelque 5.000 personnes (dont un tiers d'hommes), mais seule une minorité (un millier environ) exercerait de manière publique et visible.

 

Le débat sur la prostitution a pourtant repris vigueur ces derniers temps. Au conseil communal de la Ville de Bruxelles, où Marion Lemesre (MR) s'est inquiétée de la transformation du quartier de l'Alhambra en véritable « Eros Center à ciel ouvert » ! Au Parlement régional, où la députée CDH Céline Fremault a interpellé le ministre-président Charles Picqué (PS).

 

Laquelle Céline Fremault a encore organisé, pas plus tard que la semaine dernière, une conférence sur la prostitution et la lutte contre la traite des êtres humains, en présence de Gunilla Ekberg, avocate et ancienne porte-parole du gouvernement suédois, pays qui interdit l'achat de services sexuels et pénalise les clients comme les proxénètes depuis 1999. A cette occasion, Céline Fremault a rappelé la position du CDH sur le sujet : la prostitution doit être abolie car elle constitue une atteinte à la dignité humaine…

 

Le projet de créer un Eros Center à Liège (Le Soir de vendredi), a aussi ramené le thème sous les projecteurs. Avant d'être débattu en conseil communal, il a déjà essuyé un refus catégorique de tout « système de marchandisation des corps à travers le développement des “ maisons de passe communales” » par le Conseil des femmes francophones, présidé par la députée bruxelloise Viviane Teitelbaum (MR).

 

Le débat sur la création d'un Eros Center resurgit aussi régulièrement à Bruxelles sans qu'aucune piste concrète ne soit avancée, sinon l'intention réitérée du patron de la Villa Tinto anversoise de s'implanter dans la capitale (lire ci-dessous). Sur cette question, Charles Picqué a dissipé les fantasmes : « Il est prématuré de s'exprimer sur l'opportunité de l'implantation d'un Eros Center, étant donné qu'aucune démarche n'a encore été entreprise en ce sens », a-t-il répondu en commission à une question de Céline Fremault

 

Mais on ne pourra pas éternellement faire l'économie du débat à Bruxelles. A entendre Charles Picqué, il s'agit d'une « problématique éminemment complexe, qui exige une approche multidisciplinaire ».

Entendons : une collaboration entre tous les niveaux de pouvoir, des communes au Fédéral, de la Région aux Communautés. Et ça, ce n'est sans doute pas pour demain.

 

FRANCIS DUBOIS

© Le Soir - www.lesoir.be

  

Faut-il un Eros Center dans la zone nord ?

 

Les communes se sentent relativement démunies face à la prostitution. Le seul champ d'action, où elles peuvent agir, c'est en matière d'urbanisme. Dans la zone Nord, Schaerbeek et Saint-Josse travaillent de concert depuis trois ans à élaborer une nouvelle législation communale qui permettent de stopper le développement de la prostitution, même si son extension semble aujourd'hui sous contrôle. Nous parlons ici uniquement de la prostitution « visible » étant entendu que le net a fait apparaître d'autres formes de prostitution (ailleurs que dans les bars et carrées).

Pour rappel, début des années 1990, Guy Cudell (alors bourgmestre de Saint-Josse) avait fait démolir l'essentiel des bars sur son territoire pour y créer l'Espace Nord, la zone de bureaux actuelle. Cette politique a certes rasé un quartier entier de prostitution, mais elle a eu pour conséquence la multiplication des carrées et l'extension des bars à la rue d'Aerschot dont le nombre a doublé. C'est à ce moment là que les deux communes ont compris la nécessité de réformer leur arsenal législatif en matière d'urbanisme, si elles voulaient durablement empêcher le lent grignotage de la prostitution sur les autres fonctions (horeca et logement).

C'est ce mardi que le plan des deux communes doit être dévoilé.

 

Pour Catherine François : « C'est un endroit facile à contrôler »

Catherine François, auteur du livre « Sexe, prostitution et contes de fées » et conseillère communale PS à Saint-Gilles, est un ardent défenseur de la Villa Tinto. « Globalement, je soutiens toutes les initiatives qui vont dans le sens d'une légalisation de la prostitution parce que cela donne un cadre à cette profession et cela permet de mieux défendre et protéger celles qui vivent de cette activité économique. C'est un endroit facile à contrôler en matière d'hygiène, par exemple. Une Villa Tinto est un pas vers cette reconnaissance, même si elle est gérée par un opérateur privé ».

 

Catherine françois estime par ailleurs que les communes sont idéalement placées pour réguler la prostitution : « On me dit que les communes bruxelloises, Schaerbeek et Saint-Josse sont opposées à l'installation d'une Vila Tinto, rue d'Aerschot. C'est dommage. C'est aux pouvoirs publics de réguler la prostitution et je pense que la commune est le niveau de pouvoir idéal pour le faire. C'est une instance démocratique, proche des gens qui connaît bien le terrain ».

 

Un Eros Center rue d'Aerschot rassemblant les prostituées aurait un double avantage, aux yeux de Catherine François. D'une part, la commune pourrait y surveiller facilement les conditions de travail et surtout, c'est une forme de légalisation de la prostitution, qui s'oppose aux actuelles tentatives de pénaliser cette activité. Selon le bourgmestre de Schaerbeek, un « Eros Center » ne supprimerait pas les bars de la rue d'Aerschot, mais constituerait au contraire une offre supplémentaire, alors qu'il veut empêcher son développement. « Il est exact qu'il s'agit d'une offre supplémentaire, admet Catherine François. Certaines filles continueront sans doute à préférer les bars. Mais il y a un autre aspect important. C'est l'aspect social. Dans les carrées, à Saint-Josse, les prostituées paient des sommes exorbitantes, jusqu'à 600 euros par semaine, pour une pièce proche de l'insalubrité. Des prix fixés à la « tête du client ». Travailler à la Villa Tinto permettrait d'éviter de telles dérives. Elles disposeraient d'un vrai contrat de bail ».

 

Contre Bernard Clerfayt : « Nous ne croyons pas à ce projet »

Le quartier de la gare du Nord, est à cheval sur les communes de Saint-Josse et de Schaerbeek. La première compte une centaine de carrées (pièces avec vitrines de maisons particulières où officient les prostituées) et la seconde rassemble sur la rue d'Aerschot une cinquantaine de bars à filles. On comprend la nécessité, pour les autorités locales, de mettre de l'ordre dans le quartier et de mieux contrôler la prostitution. Une Villa Tinto à Schaerbeek ? L'idée simplifierait la tâche de contrôle, mais ne plaît pas aux autorités locales. « Pour deux raisons, explique le bourgmestre Bernard Clerfayt. D'abord, nous ne croyons pas à ce projet. Cela fait cinq ans que l'on nous annonce l'imminence d'un dépôt de dossier d'urbanisme, mais nous ne le voyons jamais venir. C'est un projet fantôme. C'est un “fantasme” d'une certaine presse qui sort cette information quand elle n'a rien à se mettre sous la dent durant les périodes de vacances. Nous avons écrit à de nombreuses reprises à l'initiateur du projet. Sans réponse précise. Par contre, nous avons un projet de logement en lieu et place de cette villa Tinto. Et cela, c'est du concret ».

 

L'autre argument ? « Ce que veut la commune, poursuit le mayeur, c'est empêcher l'extension de la prostitution. Ce projet ne consiste pas à déplacer la prostitution et la localiser à un seul endroit. C'est quelque chose en plus. Je ne vois pas très bien comment on pourrait forcer les filles qui travaillent dans les bars à déménager. Un nouvel emplacement alors qu'on veut précisément limiter le phénomène. Nous n'avons pas voulu la présence de la prostitution dans ce quartier. Nous héritons d'une situation passée et nous voulons la gérer au mieux. Il ne s'agit pas de l'éliminer, mais de la maintenir dans son état actuel ».

 

Précisons que sur cette matière, les deux bourgmestres (Bernard Clerfayt et Jean Demannez) sont sur la même longueur d'onde et toutes décisions sont prises de commun accord. Le fait de se trouver dans la même zone de police facilite les choses