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Les hôtels de passe survivent

La prostitution de rue aurait baissé de 66% entre 2003 et 2006

 


Un an après l'instauration de la taxe communale, un seul d'entre eux a fermé ses portes. Les riverains se plaignent.

 

Les projets immobiliers ne manquent pas dans le quartier Alhambra, entre les boulevards d'Anvers et Emile Jacqmain. Les nouveaux immeubles y poussent comme des champignons, pendant que le Ville de Bruxelles tente de freiner un phénomène bien ancré: la prostitution de rue, que favorisent notamment les hôtels de passe.

 

Un des moyens utilisés pour le limiter fut l'instauration, fin 2005, d'une nouvelle taxe sur ces 'maisons de rendez-vous': 2.500 euros par local et par an.

 

De quoi, en principe, en forcer plus d'une à mettre la clé sous les paillasson. Les déclarations doivent être rendues pour ce lundi 8 janvier. Et, à ce jour, sur les 11 établissements recensés début 2006, un seul a fermé ses portes, rue Van Gaver. 'On s'attend à recevoir 140.000 euros, explique-t-on au cabinet du bourgmestre Freddy Thielemans (PS). 'Mais nous devons encore patienter quelques jours pour savoir si tous les hôtels ont payé la taxe.'

 

Des établissements ont toutefois entamé des procédures judiciaires à l'encontre de la Ville et du Comité de quartier Alhambra.

 

Cette taxe fut couplée à l'augmentation des contrôles de police et des rafles de prostituées. D'après la Ville, ces actions auraient été efficaces. 'Les inspecteurs des moeurs ont constaté qu'en 2006, une dizaine de prostituées seulement exerçaient sur le trotttoir, contre une trentaine en 2005.' Entre 2003 et 2006, la prostitution de rue aurait diminué de 66%. En 2005, 126 personnes ont été rapatriées dans leur pays d'origine, 47 ont reçu un ordre de quitter le territoire. Vingt-sept proxénètes ont été arrêtés. Les prostitué(e)s viennent principalement de Roumanie et de Bulgarie (37%), de l'Europe de l'Ouest (30%), d'Amérique du Sud (17%) et d'Afrique (16%).

 

'Le carrousel continue'

 

Les riverains du quartier Alhambra estiment que les mesures pris par la Ville sont inefficaces. 'Les hôtels sont toujours là, le carrousel de voitures ne s'est jamais arrêté', explique Jan Leerman, porte-parole du comité. 'On nous a promis une caméra, un plan de mobilité ... Mais on ne voit rien venir. Le tapage, la drogue, tout ça continue.' Le comité dénonce: 'Dans un quartier ou l'on accorde des primes à la rénovation, des habitants enthousiastes baissent les bras.'

 

L'association Entre2 ('Le Nid', jusqu'il y a peu) dénonce pour sa part la politique de la Ville. 'Avec cette pression, les femmes prennent plus de risques', explique Brigitte Vangertruyden, sa coordinatrice. 'Comme les clients se font plus rares, certaines sont tentées d'accepter des passes sans préservatif.'

 

Quant à la crainte initiale de voir le phénomène migrer vers les communes voisines (Schaerbeek et Saint-Josse), elle serait infondée. 'Nous n'avons pas constaté ce genre de mouvements, note Jean Demannez, bourgmestre de Saint-Josse. 'Néanmoins, nous souhaitons toujours davantage de concertation.'

 

 

© Le Soir 2007 / Anne-Cécile Huwart