Drogues : introduction rapideEn 2017, nous avons vu le premier toxicomane dans le quartier. Il s'agissait d'un homme qui fumait une pipe à crack seul sur le rebord d'une fenêtre. Un habitant du quartier l'avait filmé et la vidéo a été immédiatement reprise par les médias locaux après que nous l'ayons postée sur notre page Facebook :https://www.facebook.com/watch/?v=1389059604464959En 2018, des habitants ont passé un week-end à filmer toutes les nuisances liées à la drogue. Il s'agissait déjà de dizaines d'hommes et de femmes consommant ouvertement de la drogue dans les rues, de jour comme de nuit. Le montage de ces images a depuis été visionné plus de 20 000 fois sur Youtube :https://www.facebook.com/watch/?v=1797497756954473Au cours de l'été 2023, la situation est devenue totalement intenable. Après le COVID, nous avons vu des dealers vendre ouvertement de la drogue à tous les toxicomanes du quartier, y compris aux TDS. Alors qu'un junkie cherchait auparavant un endroit discret, il consommait désormais simplement pendant la journée sur la terrasse d'un café central du quartier, au vu et au su de tout le monde. Les images de cette situation ont été diffusées dans les médias nationaux.« Les membres du Comité de Alhambra exagèrent encore », nous a-t-on dit lorsque nous avons parlé de l'homme qui, en 2017, fumait du crack sur le rebord d'une fenêtre. Entre-temps, le problème a pris une telle ampleur que le groupe des « 40 comités » a été créé.Oui, il s'agit d'une problématique complexe. Un problème médical, lié également à un manque de logements abordables. Un gouvernement fédéral qui échoue dans sa politique d'asile, avec des scènes poignantes où des hommes, pour la plupart, doivent dormir pendant des jours sur le trottoir à l'entrée du petit château, après avoir subi des traumatismes au cours d'un long voyage.Ajoutez à cela la prostitution de rue, le métro Yser et la proximité du métro Ribaucourt où la drogue se vend depuis des décennies, un certain nombre de jeunes du quartier qui optent pour l'argent rapide, et vous obtenez une situation qui semble désespérée et qui, entre-temps, nécessite une approche internationale.Depuis notre vidéo de 2017, cependant, nous voyons toutes sortes d'initiatives être prises : SubLink, Hotspot, TFL, CSIR, CORES, Security by Design, ... et la première salle de consommation à moindre risque en Région bruxelloise, une initiative du bourgmestre Philippe Close. Les « 40 Comités » - dont le Comité Alhambra fait partie - appellent à une approche intégrée, structurée et coordonnée au-delà des frontières communales, dans laquelle tous les niveaux concernés travaillent ensemble plutôt que de se décharger de leurs responsabilités, afin de lutter contre les nuisances.Dans le cadre de cette approche, il faut également prévoir un volet d'accompagnement des personnes en situation de précarité. C'est primordial pour obtenir des résultats.Et la répression est parfois nécessaire pour donner de l'air à un quartier en détresse.Cependant, les partis qui se contentent de promettre plus de bleu dans les rues pour s'attaquer aux problèmes de drogue n'obtiendront que peu de résultats.Au cours de l'été 2023, nous avons eu une présence policière accrue jour et nuit pendant un mois, avec parfois jusqu'à 30 agents effectuant des contrôles en même temps.Pendant une semaine, un combi de police a été installé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 devant l'ancien hôtel de prostitution Studio Europe, lorsque le bâtiment vacant est devenu un pôle d'attraction pour les toxicomanes et les trafiquants sans-abri du quartier. Cette mesure a apporté un répit bienvenu pendant un certain temps, mais seulement temporairement. Tout le monde comprend que l'engagement de tant de ressources n'est pas une solution à long terme, en particulier lorsque tant de quartiers sont en détresse.Nous trouvons également étrange que des partis opposés à une salle de consommation à moindre risque parce qu'elle inciterait à la consommation de drogues défendent une Villa Tinto, et vice versa.Ces deux initiatives ont en commun d'offrir des soins et une assistance aux personnes en situation précaire, mais surtout de rendre possible le contact avec un public habituellement difficile à atteindre. Ce n'est que dans un environnement sûr qu'une relation de confiance peut s'établir, et c'est souvent le premier pas vers la sortie de la drogue ou de la prostitution. Lors de la dernière réunion des « 40 Comités », un criminologue a déclaré qu'il fallait apprendre à vivre avec la drogue et consacrer beaucoup plus d'efforts à la réduction des risques. Forcer quelqu'un à aller en désintoxication donne rarement des résultats. D'autre part, il n'est pas toujours facile de comprendre le problème de la drogue dans toutes ses nuances. Les gens veulent simplement que leur quartier soit en bon ordre. Nous craignons donc qu'à l'avenir, le vote populiste prenne de plus en plus d'ampleur. C'est compréhensible, mais, comme vous le savez, cela n'apporte jamais vraiment de solutions. Cette situation est souvent très confrontante pour les résidents. Le nombre de cambriolages de maisons, d'appartements et de voitures a également connu une forte augmentation. La police locale fait de gros efforts, mais il faut d’urgence une solution politique aux niveaux régional et fédéral. Laisser les toxicomanes utiliser dans la rue n'est pas une solution. Raison pour laquelle nous soutenons l’initiative des salles de consommation à moindre risque. De même, le grand centre intégré en face de Tour & Taxis devrait voir le jour le plus rapidement possible.Il nous semble que c’est le seul moyen d’aborder la problématique des nuisances dans les quartiers. De plus et surtout, ce cadre peut venir en soutien à des personnes qui sont victimes de la drogue mais aussi de la prostitution.Voir aussi:les squats dans le quartier Alhambra >>>Les ‘40 Comités’ >>>